Swarup, Ram : Foi et Intolérance : Un regard hindou sur le christianisme et l’islam

Description

Ram Swarup, qui a toujours su lutter pour l’Inde, nous propose ici une analyse originale et en profondeur des religions monolâtres et prophétiques, qui, loin de permettrent un véritable développement spirituel, aboutissent, à coup de dogmes et d’interdits, à un rétrécissement de l’esprit et de la pensée.
L’importance de cet ouvrage qui rassemble différents textes, articles et préfaces de livres réside dans le fait qu’une telle analyse a jusqu’ici largement fait défaut en Occident où nous sommes encore embourbés dans le marécage de ces idéologies religieuses monothéistes et de leurs différents avatars séculiers qui n’ont cessé d’obscurcir la réalité des faits et de polluer la réflexion de nos contemporains.
Ce n’est pas un hasard si cette voix libérée de ce conditionnement de la pensée provient du monde hindou qui est l’un des rares à avoir su perpétuer le riche héritage religieux de son passé tout en assimilant d’autres traditions non prophétiques.
Le pays et le peuple dont est originaire l’auteur ont beaucoup souffert des délires de conversion de l’islam et du christianisme et, encore aujourd’hui, les Hindoux doivent toujours lutter chez eux contre ceux qui ne les respectent pas et, en premier lieu, contre toute entreprise missionnaire quant bien même celle-ci revêtirait la forme particulièrement insidieuse de la charité et de l’humanitaire. »Le Mahatma Gandhi décrivait le prosélytisme comme » le poison le plus mortel qui ait jamais attaqué le fondement de la vérité » » (p-163).
L’auteur retranscrit les différences fondamentales entre l’hindouisme, intrinsèquement tolérant et acceptant toute la variété des démarches individuelles de quête spirituelle et les idéologies religieuses perverties du « dieu jaloux » et belliqueux, ces dernières portant en elles, un potentiel consubstantielle de soumission et de destruction de l’autre (ce dernier tantôt mis en avant, tantôt dissimulé en fonction des conditions plus ou moins propices offertes par les différentes époques mais toujours présent et pouvant à tout moment refaire surface). Ce potentiel se conjugue à la dangereuse idéologie d’un « peuple élu », idéologie néfaste dont l’origine, l’histoire et la postérité mériteraient d’être étudiées de façon plus approfondie qu’elles ne le sont habituellement.
Il examine aussi au delà des conflits qui ont opposé christianisme et islam tous les défauts identiques et intrinsèques qui les affublent et les rapprochent, résultat d’une commune origine. Le commentaire de certains ouvrages parus au XIXème siècle est ici particulièrement éloquent et nous montre que bien des spécialistes étaient, dès cette époque, pleinement conscients de cette proximité.
Ce faisant, Il nous montre également son espoir en une renaissance des religions traditionnelles non messianiques et en une réappropriation de celles-ci, espoir nourri notamment des évolutions de l’ Amérique Latine et de la quête de certains européens qui se détournent des religions prophétiques. Il adresse son soutien fraternel à tous ceux qui, de part le monde, luttent contre cette forme d’aliénation et de rétrécissement de la pensée qui a abouti au génocide de certains peuples (notamment des indiens d’Amérique) et à l’anéantissement de toute forme de pensée et de civilisation proprement autochtone, niant et dénigrant tout le potentiel de développement original que possédaient d’autres peuples, comme les peuples d’Europe. Il faut dire que la calomnie, corollaire de l’intolérance, fut maintes fois utilisée, parallèlement à la violence, dans ce combat où l’on voit les esclaves d’idées totalitaires renier et insulter aussi bien « les religions de leurs voisins … que celles de leurs propres ancêtres ».
Les paroles de bon sens de Ram Swarup devraient réveiller la conscience et la plus longue mémoire des peuples d’Europe car la résistance hindoue a valeur d’exemple en Europe plus qu’ailleurs, nos religions traditionnelles ayant une forte parenté avec celle de l’Inde, une fois franchies les apparences superficielles de l’exotisme de cette dernière. Cela est d’autant plus urgent qu’on assiste chez nous, conjointement aux transformations et au déclin du catholicisme romain (dont la politique de retour aux sources peut sembler pour l’observateur averti, par certains égards, bien inquiétant), à une nouvelle montée en puissance d’autres religions prophétiques.
Naturellement, son message se doit d’être entendu aussi partout de par le monde afin que les hommes se réapproprient la religion de ceux qui furent leurs ancêtres que ce soit en Asie, en Océanie, en Afrique, dans le monde turcophone ou chez les différents peuples du Moyen Orient.Naturellement aussi, cela semble encore particulièrement difficile dans certains états au sein desquels règnent toujours une chape de plomb et une répression sans nom basées sur les principes dogmatiques édictés par les religions prophétiques ou certains de leurs courants déviants, l’une et l’autre rarement dénoncées en Occident où s’appliquent plus qu’ailleurs le principe de la géométrie variable et la rhétorique complice.Le ver n’est-il pas ici déjà dans le fruit?

232 p.